Rendons la nourriture bonne à nouveau
Il y a environ 1 mois, un gros évènement politique a eu lieux aux USA, au Sénat américain. Le mouvement MAHA “Make America Healthy Again” a pu s’exprimer devant les plus hautes instances.
Une réunion non partisane, visant à informer sénateurs et congressistes américains sur les réels dangers de l’alimentation ultra transformée en Amérique.
C’est vrai qu’outre Atlantique les taux d’obésités continuent de caracoler autour des 60% . Atteignant parfois les 75% dans les états du sud. La démocratisation de l’Ozempic – dont je vous parlais l’an dernier – ce nouveau médicament anti diabétique censé miraculeusement guérir de l’obésité (bientôt en discussion aux USA pour être administré dès l’âge de 6 ans!!) permet de mettre les problèmes sous le tapis (avec une baisse nationale de 2% du taux d’obésité aux USA disons le quand même!), apportant une “solution technologique coûteuse” comme l’adorent les américains.
Pourtant le constat est hallucinant : aux États Unis l’espérance de vie décline. L’Obésité ravage les populations moins favorisées – mais pas que – tandis que les prix de ces nouveaux médicaments anti diabétiques enrichissent certains labos pharma qui côtoient les valorisations boursières des GAFAM.
Ceux qui décident de ce qu’on mange sont des chimistes
Sauf qu’au pays de la junk food, il y a aussi des personnalités engagées, des experts de la nutrition et de la médecine qui s’élèvent comme ils le peuvent contre le lobby terrifiant du “Big Food”.
Parmis eux, FoodBabe, Calley Means, le psychiatre Chris Palmer ou encore la coach Jillian Michaels.
Ils ont réussi à obtenir une journée d’écoute au Sénat, et ont pu livrer un cahier de doléance, et surtout exposer le constat édifiant qui tue les américains à petit feu.
Lors de cette journée, la très charismatique Jillian Michaels – que j’admire depuis toujours – a prononcé un discours particulièrement marquant. “Depuis 50 ans les taux de cancers ont explosé et nous connaissons tous un amis, un cousin, une sœur victime d’une maladie grave, d’infertilité, ou d’obésité. Que s’est-il passé ? Nous ne sommes pas tous devenus génétiquement fainéants, débiles, à morphes. Ce qui a vraiment changé en un claquement de doigt à l’échelle de l’humanité, c’est la qualité de notre nourriture. Où ceux qui décident de la nourriture que l’on mange ne sont plus des paysans, mais des chimistes. Des chimistes ! ”
Pendant toute cette journée d’interventions orales, les experts ont notamment souligné le fait qu’en Europe il y a beaucoup plus de régulations sur l’alimentation qu’aux USA. Par exemple certaines céréales colorées pour le petit-déjeuner (type Froot loops) sont peintes au jus de pastèque, de melon ou de myrtilles en Europe. Tandis qu’aux USA, ces céréales sont colorées artificiellement augmentant par 10 la liste des ingrédients composants ces céréales. Ces mêmes additifs qui sont interdits ou sur liste rouge en France, peuvent être délivrés en pagaille dans des paquets jolis, fun et bien markettés.
Des dizaines d’orateurs dont de nombreux médecins spécialistes, se sont également plaint de n’avoir reçu aucune éducation à l‘alimentation des êtres humains lors des plus prestigieuses études de médecines. Et de ne pas avoir accès à des mises à niveau de qualité sur les liens entre l’alimentation moderne et les différentes maladies qu’ils rencontrent.
Aucune information, aucune régulation au pays du zéro contrôle alimentaire : “il a des produits en vente, vous n’êtes pas obligés d’acheter …”
Le même combat que pour les cigarettes
Pourquoi est-ce que je vous parle de cela ? Non pas pour montrer encore du doigt les USA et leur dérégulations abusives. Mais plutôt pour faire le lien entre les problèmes sur l’alimentation modernes et les soucis qu’il y a pu avoir dans les années 50 pour faire reconnaître le tabac comme néfaste pour la santé, ou pour le dérèglement climatique comme lié à l’activité humaine depuis 20 ans.
On en est aux prémices en ce qui concerne l’alimentation. Pourtant, j’en suis convaincue, c’est un scandale bien plus important que le tabac. Bien plus important que l’amiante… TOUT LE MONDE SAIT à quel point l’alimentation ultra transformée est néfaste pour la santé de tous. Et le silence est d’or dans cette industrie. D’ailleurs les financements pour les études sur l’alimentation et le cerveau, l’alimentation et la santé des enfants, l’alimentation et la fertilité … son minuscules ou inexistants. Très peu de gens travaillent sur ces sujets ! Aux USA comme en Europe.
Et ne nous croyons pas hors d’atteinte en France : nous nous approchons doucement et sûrement du model américain !! Dans le TGV le mois dernier, le “barista” du wagon bar rigolait lorsque je filmais avec désapprobation son étal rempli de bonbons, gâteaux et autres boissons industrielles. Pas un fruit, pas une noix. Allez un paquet de noix de cajou perdu dans tout ça et un yaourt sans sucre disponible mais très peu visible, au fond du frigo.
Pourtant on le sait et mon podcast avec le Pr Boris Cheval l’a encore démontré : l’être humain choisi toujours le moindre effort et la récompense immédiate, sauf une déconstruction et éducation alimentaire drastique bien intégrée. En encore… on ne résiste pas à tout. Me jette la 1er pierre celui qui n’a jamais acheté un paquet de M&M’s ou de Chips au wagon bar !
Un excellent récent article dans Le Monde ajoute une pierre à mon édifice. Une étude de l’INRAE montre que l’on pourrait sortir des pesticides en 2050 mais “que ce scénario nécessite des politiques publiques fortes et coordonnées”.
C’est la même chose quant à l’industrie de l’ultra transformé. Les industriels sèment le doute en faisant publier des contre études qui noient les informations pertinentes, en payant ici ou là un médecin véreux, un influenceur peu regardant pour vanter les mérites de paquets de gâteaux super trash … Les lobbyistes font peur aux politiques menaçant des perte de milliers d’emplois si l’on interdit tel ou tel ingrédient chimique dans l’industrie alimentaire. Très récemment, des lobbyistes se sont vus refusés l’entrée dans une réunion au Sénat (en France) lors de débat sur la taxation de produits alimentaires ultra transformés.
Tout comme la fabrique de l’ignorance a démarré dans les années 50 avec les cigarettiers. Elle continue à bloc aujourd’hui avec la malbouffe.
Des armées de chargés de communication formés à répondre à toutes les allégations scientifiques pour semer le doute, faire croire l’inverse, décrédibiliser la parole des experts.
Comment est-ce qu’Anthony Berthoud, Anthony Fardet sont si peu entendus et écoutés dans les médias ? Alors que Jean-Michel Cohen cartonne sur sa chaîne YouTube financée par l’industrie Agro alimentaire ?
Et ne croyez pas que les quelques régulations européennes nous sauvent. Car il y a toujours 1000 façons de les détourner. Dès qu’un produit est importé : il échappe aux régulations on l’a d’ailleurs vu récemment avec les fruits et légumes produits hors de l’UE mais importés chez nous. Coucou les myrtilles du Chili !!
Cet article pour quoi ? Pour vous informer déjà de l’existence ce grand débat qui a eu lieu aux USA et dont personne n’a parlé. Très peu de couverture médiatique de cette réunion pourtant non partisane. Ni les grandes ni les petites chaînes TV, très peu de magazines, de journaux, de réseaux sociaux … Il faut mieux parler des guerres de l’autre côté du monde, pour cultiver la peur de tout.
Pourtant, je vous l’assure : les combats contre les pesticides, intrants, perturbateurs endocriniens et autres additifs alimentaires ressemblent à une guerre lente et insidieuse.
L’information sur la réalité de l’alimentation industrielle est sérieusement évitée. Ce n’est pas un complot. C’est une réalité.
J’en veux pour preuve cet excellent livre “Ultra Processed People” traduit en français aux éditions Furet du Nord
Je n’oublierai jamais non plus mon eviction de l’émission France 5 Les Maternelles en 2015 – soit disant pour causes budgétaires – 2 semaines après avoir ouvertement critiqué les propos de Jean Michel Cohen. Tiens d’ailleurs, comme par hasard, il sort un livre très prochainement, chez un grand éditeur… Il fera de la communication grands médias un peu partout ces prochaines semaines. Bouchez vous bien les oreilles.
Si en France et en Europe, les régulations sont encore possible et continuent de faire un peu la loi, il nous faut être toujours plus vigilants. Un ingrédient qui change pour un autre n’est pas forcément meilleur. Le nutriscore n’est toujours pas obligatoire, et disparaît des packaging dès qu’il descend de l’échelle. Des publicités qui disparaissent des programmes TV pour enfants, et qui ré-apparaissent le lendemain sur YouTube ou sur les comptes d’influenceurs.
Malgré toutes les régulations : ce sont surtout nos actions quotidiennes qui donnent le là de la société. Si plus personne n’achète de bonbons dans les boutiques de gare, alors elles arrêteront d’en vendre. Si les sodas ne sont plus mis dans les caddies : ils ne seront plus fabriqués. Battons nous tous les jours pour une alimentation de qualité, comme si notre vie en dépendait. Parce qu’elle en dépend !!
Les régulations et les politiques arriveront à la fin, lorsque le combat sera déjà à moitié gagné sociétalement.
Soyons forts et solidaires ! Construisons chaque jour sans relâche la société que l’on veut voir demain. C’est ainsi nous l’obtiendrons.